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"C'est
Christian CRUYS dit Adrichonius de Delft (mort en 1585) qui le premier aboutit à quatorze stations pour la Via Crucis (depuis la Comparution devant Pilate jusqu'à la Mise au tombeau) qu'il distingue des six stations de la Via Captitatis (du Jardin des oliviers jusqu'à la Flagellation). C'est alors que les chemins de croix sont érigés devant les églises, aux portes des villes ou sur la route des pèlerinages en Flandres et en Allemagne du sud. Mais le privilège d'ériger des chemins de croix reste réservé aux ordres mendiants."

Le chemin de croix connaît une véritable vogue à partir du XVIIe siècle
quand il gagne l'Italie et de là toute l'Europe de la Contre-Réforme. Citons celui de San Miniato de Florence érigé en 1628, et celui du Colysée de Rome érigé par Saint Léonard de Port-Maurice (1676-1751) à la demande du pape.

"
Les quatorze stations actuelles placées dans les églises datent du XIXe siècle. C'est Pie IX qui ordonne la diffusion générale des chemins de croix par un décret du 14 mai 1871. Presque chaque paroisse possède son chemin de croix au début du XXe siècle. La production est alors quasiment industrielle. Ce sont les dispositions canoniques antérieures à 1871, à quoi s'ajoutent les destructions révolutionnaires comme au Mont Valérien, puis les guerres qui expliquent la rareté des anciens chemins de croix. Evoquons par exemple le chemin de croix baroque de Coucy-le-Château qui fut détruit pendant la Grande Guerre, ou celui de Marle exécuté par le peintre Rigaux et qui fut volé par les occupants allemands. Chacun d'eux a été remplacé par des œuvres d'Hector de Pétigny."

DE PETIGNY Gauthier, inL'Ami du Laonnois, n°31, janvier 
2003, pages 6-9.
"Le chemin de croix apparut en Europe à partir du XIVe siècle. Il s'agit d'une pratique inspirée de la procession des Latins de l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, calquée sur les anciens cortèges byzantins dans la ville, et rappelant le chemin parcouru par le Christ le jour de la Passion depuis le Prétoire jusqu'au Golgotha."

"On a souvent affirmé que c'est la prise de Jérusalem par les Turcs khwarizmiens en 1244 qui a diffusé cette forme de piété en Occident. Rien n'est moins sûr, puisque dès 1322,
les dominicains, puis en 1337, les franciscains sont autorisés par les autorités musulmanes à se réinstaller dans la ville. Ce sont eux, désormais préposés à la garde des lieux saints, qui vont propager l'idée du chemin de croix. Les frères mineurs vont proposer aux fidèles une sorte de pèlerinage de substitution à travers une méditation méthodique de la vie du Christ. Voyage tout intérieur dont l'idée est développée par Saint Bonaventure (1221-1274) dans les Meditationes qui se concentrent sur les moments de la Passion."

"De nombreux auteurs vont se consacrer au chantier ouvert par Saint Bonaventure.
Les stations qui commémorent la Passion sont alors innombrables ; en 1395 à Jérusalem on signale 112 lieux saints qui s'égrainent à partir du Saint-Sépulcre selon un parcours à rebours de l'itinéraire du Christ. Pendant toute la fin du Moyen-Age, les disciples de Saint Bonaventure vont se consacrer à détailler chacune des étapes de la Passion au besoin en se référant à l'Ancien Testament quand les textes des Evangélistes faisaient défaut. Le procédé tirait sa justification du principe selon lequel de nombreux passages y préfigurent la vie du Christ. Grâce à ce travail, les artistes de la Renaissance sont capables de peindre avec précision et dans un accord impressionnant, chaque épisode de la Passion. Albrecht Dürer (1471-1528) a ainsi laissé six versions trés précises de la Passion. L'une d'entre elle, gravée en 1511 comprend 36 stations depuis la Cène jusqu'à la Pentecôte."

"C'est alors que l'on s'attacha à mettre de l'ordre dans ce foisonnement. Au XVIe siècle la commémoration des «marches douloureuses » du Christ alimente la
devotio moderna. Cette pratique est inscrite dans les Exercices Spirituels de Saint Ignace de Loyola (1522)."
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Le chemin de croix: historique

extrait  de: DE PETIGNY Gauthier, 
"en attendant une rétrospective de l'oeuvre 
d'Hector de Pétigny...?"
 
dans: L'Ami du Laonnois,n°31, janvier 2003, pages 6-9.